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La gestion du stress pendant les examens : interview de Maud Gourtay-Saussaye


Psychologue spécialisée dans les thérapies cognitives et comportementales, Maud Gourtay-Saussaye est passionnée par les neurosciences et se forme ainsi régulièrement sur la connectique neuronale, à savoir, faire le lien entre la configuration du cerveau et la personnalité de chacun.

Actuellement, elle remanie une fiche sur le TDAH (trouble déficit de l’attention / hyperactivité : c’est un trouble neuro-développemental) dont elle est l’auteure. L’objectif est d’en faire un réel guide pour accompagner les parents dans l’organisation de la prise en charge de leur enfant.

Pour Maud Gourtay-Saussaye, la psychologie est un outil accessible et utilisable chaque jour, et c’est ce qu’elle tient à montrer : « Apprendre à se comprendre, lire notre fonctionnement nous permet de répondre à nos besoins et ainsi obtenir un équilibre. Le bonheur est à la portée de tous. »

Pourquoi stresse-t-on avant un examen ?

Pour notre cerveau, un examen représente un moment où l’on doit utiliser de nombreuses fonctions : récupération en mémoire, attention, flexibilité, mise en relation de données, etc. Cela demande beaucoup de ressources qui vont émaner d’un apport plus important en sucre et en oxygène. Pour qu’il y ait cet apport, le cerveau utilise un mécanisme : le stress. Cela se traduit par l’envoi d’adrénaline dans le sang. Les conséquences qui en résultent sont l’accélération du rythme cardiaque (afflux sanguin), l’accélération de la respiration (augmentation du taux d’oxygène) et enfin l’apport plus important de sang aux muscles et au cerveau. C’est d’ailleurs d’ici que vient l’effet de la boule au ventre : le sang qui était affecté à la gestion du système digestif s’enfuit vers d’autres zones et crée cette sensation.

Si nous stressons, c’est que notre tête en a besoin. Cependant, il n’est pas nécessaire que cela dure au-delà de quelques minutes. Si la première montée de stress est intuitive, elle dépend de l’inquiétude que nous avons par rapport à la situation. Le stress est la seule ressource que notre cerveau connaisse lorsque nous sommes inquiets. Une fois le pic passé, le cerveau est mieux nourri et est capable de donner plus de ressources.

En revanche, si le stress perdure, et que l’on se retrouve « submergé » par celui-ci, le cerveau ne comprenant pas ce signal, va continuer de faire sécréter de l’adrénaline. C’est ici qu’intervient l’effet perturbateur du stress. Le cerveau trop sollicité, ne va plus savoir comment répartir correctement les ressources qu’on lui apporte.

Est-ce une réaction pouvant booster notre efficacité ? Ou au contraire, pourrait-il favoriser l’échec ?

Comme je l’expliquais au-dessus, le mécanisme « normal » est un booster d’efficacité : il nous donne des ressources et affûte nos sens, améliore nos capacités.

Cependant, s’il nous effraie, il favorise alors l’échec. Nous entendons souvent « j’ai peur d’être stressé » ou encore « cela me paralyse ». En effet le premier effet du stress est « bloquant ». Cela ne dure que quelques minutes, le corps prend le temps de tout organiser. Si nous restons bloqués, c’est la peur du stress elle-même qui prend le dessus. C’est un cercle vicieux : « J’ai peur d’avoir peur ». Le cerveau ne sera plus en capacité de récupérer les informations en mémoire.

L’acharnement sur les révisions est-il nécessaire ?

Cette réponse est plus subjective. Chacun a une façon différente d’apprendre ou de définir la notion « d’acharnement ». Certaines personnes ont besoin de lire plusieurs fois pour que l’information s’encode en mémoire, d’autres ont besoin de travailler l’information, mais pas de la répéter.

Si par notion d’acharnement, nous entendons « lire ou travailler en se sentant inquiet », cela n’a aucun intérêt. Vouloir enregistrer des informations sous l’effet du stress (sous adrénaline) est très difficile. Il faut bien comprendre que le stress est un mécanisme basique, il servait au départ à nous permettre de fuir (avec l’afflux sanguin dans les muscles, nous pouvons aller plus vite) ou de nous battre (de la même manière, taper plus fort, être plus rapide). Les fonctions d’analyse, de mémorisation, ou encore d’attention ne sont pas sollicitées à ce moment-là. Elles sont comme éteintes lors de la montée du stress, alors que nos muscles sont plus performants, ainsi que notre ouïe et notre odorat qui sont à leur maximum.

Comment apprendre à gérer son stress ?

Pour moi, la base de la gestion, c’est comprendre et accepter. Comprendre le mécanisme pour savoir ce qui se passe à l’intérieur de mon corps, et ne plus en avoir peur. Si nous persistons à le combattre, nous le déclenchons à nouveau. Le stress est un mécanisme normal et attendu. Plus on est à l’écoute de notre corps, plus on va être capable de laisser passer la montée d’adrénaline et utiliser correctement l’énergie fournie par celle-ci. Cela devient un cercle vertueux : je sens la montée d’adrénaline, ma respiration s’accélère, j’ai la boule au ventre, j’ai peur, mais ce phénomène est normal. Je peux regarder ma montre en même temps, pour me rendre compte que ce passage n’est pas si long, je peux également boire de l’eau, lire les consignes en diagonale… Il est aussi possible, pour aider les muscles à éliminer l’afflux sanguin, d’attraper la table d’examen avec ses deux mains, et de contracter très fort en comptant jusqu’à dix. Cela utilise l’afflux envoyé dans les muscles et indique au cerveau que ce n’est plus la peine de sécréter de l’adrénaline.

Une fois ce délai passé, vous allez retrouver un esprit non parasité par le stress et pouvoir à nouveau disposer de l’ensemble de vos compétences cognitives pour travailler efficacement.

Avez-vous quelques conseils à donner aux étudiants pour lutter contre le stress des exams ?

Mon plus grand conseil, c’est de ne pas en faire une lutte. C’est un phénomène normal. Moins on lutte, plus on le comprend et plus on est efficace. Nous pouvons en retirer des bénéfices.

Notre corps n’a pas adapté assez vite notre fonctionnement à nos nouveaux besoins, mais ne soyons pas notre propre ennemi ! Tout n’est pas parfait en nous, acceptons et comprenons nos mécanismes pour fonctionner en bon équilibre.

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